J’ai accueilli mon premier fils Aëdan, décédé in utero à 26sa+3 le 17 juin 2020. Tout a commencé 2 ans et demi plus tôt, lorsque son papa et moi tentions l’aventure de la parentalité.
J’avais environ 35 ans et souffrais d’une infertilité liée à l’ablation de mon ovaire (subie à l’âge de 19 ans).
Au bout de 6 mois d’essais infructueux, la gynécologue nous a donné un coup de pouce et je suis tombée enceinte pour la 1re fois. La joie a rapidement été supplantée par les larmes, grossesse biochimique (interrompue avant que le cœur ne vienne à battre).
S’ensuivent une 2e grossesse biochimique, puis une 3e.
Pourquoi tombais-je « enceinte » et pourquoi ne gardais-je pas mes bébés ? J’ai décidé de me rendre au centre PMA. Tout s’enchaîne, les rendez-vous, les tests, les explorations… on ne comprend pas.
Première insémination… échec.
Deuxième insémination… grossesse biochimique.
Troisième insémination… un cœur bat.
Première victoire, mais… cette grossesse s’arrête, elle aussi, à 8 sa (confirmation le 24 décembre 2019).
Que se passe-t–il ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ? À chaque perte, je me sens seule avec moi-même.
Mon compagnon n’est pas d’un grand soutien, il gère sa peine à sa façon. Nous décidons de nous faire tester génétiquement.
Résultat dans 8 semaines.
En attendant, on profite, nous nous accordons un break, car nous ne comprenons pas pourquoi malgré les stimulations, nous allons d’un échec à l’autre.
Et là, énorme surprise. Le 1er janvier 2020, un petit bonhomme est venu naturellement se lover dans mon bidou, mais nous ne le saurions que bien plus tard, en février ne voyant toujours pas le retour de mes règles. Tout se passe à merveille, nous commençons à y croire au bout de 12 sa.
Nous décidons d’annoncer la nouvelle auprès de nos proches (nous avons d’ailleurs dû être créatifs avec ce covid). Nous passons l’écho morpho, tout se passe à merveille, mais grosse déception, aucun cliché en 4D. Nous décidons de nous rendre chez un particulier, mais Aëdan se cache.
On le pousse à se retourner… 4 jours plus tard, je sens quelque chose de bizarre, mon ventre est différent, je sens moins mon bébé, mais je garde espoir, c’est peut–être normal. Je n’avais jamais été aussi loin dans une grossesse. Les jours passent. Nous sommes le 14 juin, jour de la fête des Pères. Tout était prévu pour que cette journée soit inoubliable… elle le sera… Mon compagnon me fait part d’un rêve qui disait qu’il devait annoncer la triste nouvelle à tout le monde et de voir ce que nous allions faire des affaires de notre enfant.
Pour le rassurer, nous nous rendons aux urgences. Je suis toujours confiante, mais en voyant les sages-femmes s’affairer et insister pour que le gynécologue de garde arrive, j’avais compris.
Aëdan était parti… Nous l’avons accueilli de la meilleure des manières selon nous, nous avons fait de magnifiques photos grâce à l’association, mais le lendemain, tu rentres chez toi, le ventre et le cœur vides.
Un mois après sa disparition, nous apprenons que notre fils s’était coincé le cordon en se retournant. C’est un accident, mais notre fils n’est plus là… Son papa me quitte 1 mois plus tard, je ne saurai jamais pourquoi, c’est son choix. Je décide de me reconstruire, de me bâtir une nouvelle vie. Après tout, je vais avoir 38 ans, il est temps de me poser. Je ne veux pas me laisser abattre. J’achète une maison et je rencontre un homme merveilleux. Mes objectifs sont différents, je veux finir mes travaux, me poser et profiter de la vie, tout en gardant mon bébé dans mon cœur et dans ma tête.
Au bout d’une année de relation, grosse surprise, je tombe enceinte. Et re grossesse biochimique… Quel enfer ! On tente pour de vrai cette fois, mais c’est la dernière, tant pis, j’ai 39 ans, c’est que cela doit être ainsi.
Après j’arrête…Aujourd’hui je suis enceinte de 35sa, je suis sur le point d’accoucher d’un petit Lorenzo. Je ne sais pas ce que la vie nous réserve, mais j’ai envie d’y croire.
Je vous demande à vous aussi d’y croire, de ne jamais baisser les bras et de vous laisser porter. J’ai hâte de faire sa rencontre, de l’entendre pleurer, de le voir gigoter dans mes bras. J’ai également hâte de vous annoncer de belles nouvelles d’ici début décembre.
Une future maman Sophie, maman à jamais d’un petit Aëdan et de Lorenzo