08 mai 2022. J’apprends que je suis enceinte.
Moment de fête, de joie.
Les jours et semaines qui suivent sont longs jusqu’à la première échographie. On se projette, on s’imagine à 4. On pense aux travaux, à la peinture, à la crèche à trouver.
Déjà, on cherche un petit prénom.
La veille de l’échographie, je perds un peu de sang. On tente de se rassurer et de se dire que ça peut arriver. Mais je pleure déjà toutes les larmes de mon corps.
Je sens que quelque chose ne va pas.
Je n’ai plus de symptômes et mon intuition me dit que le bébé ne va pas bien.
Jour de l’échographie : j’apprends que j’attends non pas un, mais deux bébés. Des vrais jumeaux. Malheureusement, leur évolution semble s’être arrêtée, car on ne discerne pas les battements de cœurs.
Je sens que mon monde s’écroule.
La gynécologue n’est pas certaine et me dit de patienter une semaine avant la prochaine échographie. Celle-ci pourra nous révéler si les bébés étaient juste trop petits ou si l’évolution s’est définitivement arrêtée.
Je ne sais pas quoi penser.
En moi-même, je sais qu’ils ne sont plus en vie.
Mais ils sont toujours là, et les savoir en moi, morts, me brise totalement le cœur et me submerge complètement de tristesse. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que c’est de ma faute ? Pourquoi ? Comment ? Je pleure plusieurs jours et j’ai l’impression que cette douleur ne s’effacera pas.
Avant l’échographie suivante, je fais une fausse couche précoce. J’ai des contractions, et je perds beaucoup, beaucoup de sang et de caillots. Plus qu’à l’accouchement de ma fille.
J’ai peur, j’ai mal. Heureusement que mon homme et ma fille sont là.
Malgré tout, je vis cette fausse couche seule, à la maison, sans aide ni soutien médical.
Je me demande si je dois aller aux urgences.
Ça dure 1 journée entière. Je suis sur les toilettes toutes les heures et celles-ci ci se remplissent de morceaux de sang.
Le lendemain, je perds un autre gros morceau. Un petit sac avec mes deux bébés. Je pleure tellement… Je n’ai pas envie de tirer la chasse mais j’ai déjà assez souffert, et je ne me sens pas capable de regarder davantage.
Voilà, c’est fini. Ils sont partis aussi vite qu’ils sont arrivés, mais je ne les oublierai jamais.
J’écris ce témoignage pour plusieurs raisons. Non, pas pour attirer le regard sur les réseaux sociaux. Pour conscientiser !
Tellement de femmes le vivent qu’on a tendance à banaliser. C’est injuste.
Rien ne mérite qu’on banalise un tel choc dans la vie d’une femme, d’un couple.
Et quand est ce qu’on en parle ? Jamais. Secret enfoui, on n’ose pas partager ça par peur d’entendre des phrases comme : “tu es jeune, tu peux recommencer. La nature fait bien les choses.”
Mais finalement, comment faire son deuil face à ces murs de paroles ?
