A toi mon étoile, ma Stella, ma fille.
C’était le 10 février 2022, la veille de ce grand départ au Mexique où il était clair que dans notre esprit ce serait le dernier gros voyage sac à dos avant de lancer le projet bébé.
Ce jour là, je sors boire un verre avec mes copines. Je rentre à la maison de bonne heure, je regarde mon fiancé et lui dit que je sens quelque chose d’inhabituel au fond de moi.
Je m’étais pourtant rendue à ma visite annuelle chez la gynéco 4 jours plus tôt et celle ci m’avait dit que l’utérus était bien gorgé de sang et préparait les prochaines menstruations.
Je m’écoute, il me restait un test d’une boîte de deux achetée quelques mois auparavant. Il est 00h00, pas une heure pour faire un test mais je veux savoir quoi avant le grand départ le lendemain.
Il n’a pas fallu 10 secondes pour que les deux barres s’affichent. Supriiiiiiiseeeeee, je suis enceinte et on s’envole pour 3 semaines au Mexique en sac à dos dès le lendemain ! Que faire ? Même si tous les deux nous sommes à la fois sous le choc et tellement heureux, par où commencer ?
Mon fiancé me rassure, me dit d’appeler la gynéco le lendemain pour savoir quoi faire.
Elle me dit de faire une prise de sang dans la matinée et que le voyage est sans danger.
Le soir, nous sommes dans les airs direction Mexico.
Il n’y a que nous au courant. On ne peut s’empêcher d’y penser, d’imaginer le retour, l’annonce.
D’habitude les voyages servent à s’évader, lâcher prise, mais avec une nouvelle pareille, dur dur de ne pas déjà penser au retour avant même d’être arrivés.
Les 3 semaines de voyage se passent non pas sans nausées et grande fatigue.
A mi-voyage, j’apprends par la prise de sang que je suis enceinte de 6-7 semaines. Vite le retour pour voir notre petite crevette à l’échographie.
Aussitôt rentrés, rendez-vous chez la gynécologue pour première écho. Tout va bien, le cœur de bébé bat bien et les mesures sont bonnes.
Vite le prochain rendez-vous écho T1 chez une nouvelle obstétricienne, liée à l’hôpital que nous avions choisi pour l’accouchement.
En salle d’attente, l’excitation monte, nous parlons de la chambre de bébé, de la liste de naissance, de la crèche, nous avions hâte d’entendre que bébé a bien grandi et qui sait … connaître le sexe.
Une assistante en gynéco nous prend en charge, elle me fait pour la première fois une échographie abdominale, elle nous dit que le cœur de bébé bat bien mais qu’elle ne voit pas grand chose car l’utérus est fort vers l’arrière.
La gynécologue se libère et prend l’échographie en cours. Elle décide de passer par le bas pour plus de précisions.
Mon fiancé et moi étions sur notre petit nuage d’entendre à nouveau le cœur de bébé, nous étions concentrés sur l’écran pour saisir toutes les images possibles de ce mini nous qui grandissait en moi. La gynécologue passe en revue les petits membres de bébé, et insiste enfin au niveau de la nuque.
Avec toute la douceur et la bienveillance du monde, elle nous dit qu’elle s’inquiète pour notre bébé, nous étions si insouciants qu’on ne comprenait pas bien ce qu’elle voulait dire par inquiète.
Elle nous explique en quelques mots le test de la clarté nucale et nous fait remarquer qu’elle est plus importante qu’il ne faut chez notre bébé.
Elle m’invite à me rhabiller et nous demande de prendre place à son bureau pour nous expliquer tout ça de manière plus détaillée.
Je n’entendais plus, je ne voyais plus rien, mon fiancé me serrait la main et me regardait dans les yeux, je savais, je sentais que plus rien ne serait plus jamais pareil.
Nous venions de tomber de notre nuage et le monde se dérobait sous nos pieds.
Je suis sortie de la cabine, nous nous sommes dirigés vers la voiture et j’ai hurlé.
Pourquoi nous? Qu’avons nous fait de mal ?
Une amniocentèse est fixée quelques semaines plus tard pour que nous en comprenions l’origine.
Entre temps, nous apprenons que le NIPT test est négatif et que bébé est une petite fille.
C’est à ce moment que le diagnostic de syndrome de Turner est mis en avant. Pendant tout ce temps je parle à ma baby girl, je lui envoie plein d’amour et me dit qu’il s’agit peut être d’une erreur, je garde espoir parce que finalement tant qu’il y’a de la vie, il y a de l’espoir.
Le 21 avril, le jour de l’amniocentèse, l’œdème s’est généralisé et quelques jours plus tard les résultats viendront nous confirmer le diagnostic de syndrome de Turner. Il nous reste une semaine, une semaine pour la réflexion autour de l’IMG, une semaine pour profiter d’elle en moi et une semaine pour l’aimer davantage.
Pendant tous ces moments d’attente, la seule chose qui m’a fait tenir était l’amour qu’elle me transmettait en étant au creux de moi.
Le 1er mai, j’ai dû prendre les fameux comprimés pour stopper le cœur de bébé et le 3 mai je rentrais en salle de naissance à 07h00.
J’ai eu la chance de tomber sur une équipe de sages femmes extraordinaires qui m’ont tenu la main, accompagnée tout au long de ce long parcours.
A 16h00 c’était son moment, je l’ai mise au monde et nous devenions paranges.
Nous avions longuement discuté de ce que nous voulions au moment T, il nous semblait impossible de la voir ; trop douloureux pensions nous.
Pourtant au moment où je l’ai mise au monde, nous avions besoin de la voir, la gynécologue l’a emmenée pour faire quelques soins et est ensuite revenue dans la chambre avec notre petite Stella dans ses bras, bien au chaud dans son nid d’ange. Elle s’est assise à côté de nous sur le lit et nous l’a présentée.
Ce qui devait être le moment le plus terrible, était finalement le plus beau moment de tout ce parcours, ses petits traits étaient identiques à ceux de son papa; l’amour de cet instant nous a même fait sourire.
Je savais que je n’avais pas donné la mort mais bien l’amour à notre petite merveille.
Nous avons décidé de faire appel à “Au delà des nuages” pour immortaliser ces instants d’amour. Ça n’aurait pas été pareil sans ces deux bénévoles qui sont venues nous voir le lendemain. Elles nous ont reconnus en tant que parents et grâce à l’association nous avons toutes ces photos qui nous rappellent ce moment de vie au côté de notre petite Stella d’amour.
7 mois se sont écoulés et il n’y pas un seul jour sans que je pense à toi mon amour.
Aujourd’hui, je porte ta petite sœur et je sais que tu es partout là où nous sommes.
Avec tout notre amour.
Papa, maman et ta future petite sœur
