Deux années, un parcours PMA, trois inséminations artificielles, c’est ce qu’il aura fallu pour avoir ce fameux positif, celui qui te change littéralement la vie.
Lors de cette première échographie précoce, nous apprendrons que cela est bien réel, mais aussi que cela est doublement positif.
Car oui, ce sont deux bébés qui se sont nichés au creux de moi.
Les larmes, la surprise, les rires, et quelques jours de doute m’ont envahis, mais je pense que cela étais légitime malgré le désir immense, cela était de le début d’un grand changement.
Quelques mois plus tard, nous apprenons que ce sont deux petits garçons qui nous rejoindront quelques temps avant Noël, nos fils Léo et Noa, sans aucun doute nos plus beaux cadeaux.
Mais ce bonheur fut vite écourté. Lors de l’échographie T2, notre gynécologue n’était pas comme d’habitude, pas de commentaires, il évitait mon regard. Il nous redirigera vers un CHU pour un diagnostic anténatal.
Quelques jours s’écoulent après cette échographie, notre vie est sur pause, on se demande ce que nous allons apprendre.
Le 12 août à 13h00, nous arrivons au centre hospitalier d’Amiens, on nous fait signer une charte sur le diagnostic anténatal, et on me demande toutes mes échographies réalisées depuis le début de la grossesse et nous attendons encore et encore..
Et c’est seulement à 13h45 que nous sommes reçus. Une gentille gynécologue, adorable, nous reçoit.
Elle me dit de m’installer et hop ni une ni deux elle, se dirige sur Léo, prend toutes ses mesures tout en discutant, il va très bien.
Doucement, elle se dirige sur Noa sachant pertinemment ce qu’il y avait déjà, d’où son retard de 45 minutes, ayant montré notre dossier à plusieurs médecins.
Nous sommes repartis de ce rendez-vous, anéantis, dans un silence de glace, la tête ailleurs.
Ce qui s’en est suivi, ce sont des nuits blanches pour tous les deux, avec un milliard de questions.
Une ISG (interruption sélective de grossesse) nous a été expliquée mais fortement déconseillée au vu de Léo, que cela pourrait engendrer la naissance très prématurée qui pourrait être dramatique pour lui.
J’avais tout misé sur ces derniers mois de grossesse afin de profiter de ces moments tous les trois ne faisant encore qu’un.
Le 16 octobre était comme tous les autres jours, mais ce soir-là en me rendant au wc, du sang beaucoup de sang.
Ce qui s’en est suivi a été l’arrivée des pompiers et un transfert vers la maternité la plus proche de mon domicile.
Arrivée sur place, tout le monde savait ce qui se passait, tout le monde sauf nous.
Ces mots résonnent encore, le gynécologue qui s’adresse à mon conjoint « on fait une césarienne d’urgence à votre femme, on s’occupe d’elle, les enfants, nous verrons après. Faites-lui un bisou ».
Je m’effondre, je me rends compte que quelque choses de grave se passe, cette sensation que plus jamais je ne reverrai mon conjoint.
Notre fils Léo est né à 20h01 pour 1kg340 et 38 petits centimètres, notre deuxième fils Noa est né à 20h02 pour 1kg380 et un petit centimètre de plus que son frère.
Je me réveille avec le bruit de l’hélicoptère, nos fils vont être héliportés vers le CHU de niveau 3 où j’étais censée accoucher 2 mois plus tard.
Je les rejoins plusieurs heures plus tard, les plus longues heures de ma vie.
Entretemps j’apprends que j’ai fait un hématome rétro-placentaire sur le placenta de Noa avec une hémorragie interne et externe.
J’apprendrai plusieurs mois plus tard cette cause.
Mon petit Léo nous rejoint, si petit lui aussi, si fragile.
Pendant de longues heures, nous profitons dans notre bulle à quatre de ces moments que nous nous ne pourrons jamais revivre mais que personne ne pourra jamais nous retirer.
Nous, parents, avec nos deux petits garçons tant attendus, tellement aimés.
17 Octobre 2022
Après une nuit très courte, très agitée, 07h00, les soignants arrivent pour le petit déjeuner.
J’attends une petite partie de la matinée dans mon lit afin d’avoir mon premier “levé”, je n’avais pas le droit de me lever et je n’y arrivais pas. C’est aux alentours de 10h00 qu’une soignante arrive pendant que papa est parti déjeuner à la cafétéria.
Dès que je suis debout, prête à me diriger vers la salle de bains avec l’aide-soignante, mon téléphone sonne et je vois afficher « CH Amiens » et je dis même à l’aide-soignante : “Mais pourquoi on m’appelle alors que je suis là ? “
Et à aucun moment, je n’imagine ce qui va être dit.
Je décroche, on me demande si je suis bien Madame x, la maman de Noa. Et là, je dois m’asseoir ! Le médecin me dit : « Madame, Noa est en train de partir».
Nous sommes ensuite allées en réanimation ensemble, nous sommes arrivées, il était à peine 10h30 et j’ai vu au loin à travers la grande porte de sa chambre qu’il était là, sans aucune machine, en pyjama, je savais au fond de moi que mon filsétais parti.
Nous sommes rentrés et là, nous nous sommes rendus compte que notre petit garçon nous avait quittés à 10h16. Il était tellement apaisé, tellement beau, il tenait dans sa petite main son doudou, la ressemblance avec Léo était encore plus frappante, le portrait de sa maman.
Nous avons pu rester avec lui le temps souhaité, le prendre dans nos bras, l’embrasser, le câliner, lui dire à quel point nous l’aimons.
Nous avons remis à l’infirmière sa tenue afin de pouvoir le changer.
On nous a expliqués les démarches à suivre pour le rapatriement de Noa afin qu’il soit pris en charge par nos pompes funèbres et organiser les obsèques.
En amont, nous avions déjà entrepris les démarches alors que j’étais encore enceinte … si ce n’est pas fou comme situation … acheter un emplacement au cimetière pour notre fils qui est encore au creux de mon ventre, cœur battant …
Le 26 octobre 2022 avec Léo hospitalisé en soins intensifs, nous avons fait le plus beau des derniers “au revoir” mais le plus dur de toute notre vie, à notre fils en toute intimité avec nos proches