Je suis arrivée à la maternité, les yeux dans le vide, pleins de larmes, le cœur en morceaux.
La sage femme s’assied sur mon lit, me tient la main et là plus rien.
A mon retour, tous ces gens autour de moi, l’air inquiet et Mary les yeux pleins de peur.
J’accoucherai de mon petit rôti par voie basse, c’est mieux, il paraît.
Après de longues heures à attendre, le gynécologue, le “boucher”, arrive enfin et me dit : “La césarienne est la seule solution, vos organes montrent des signes de défaillance “.
A aucun moment, il n’essaie de me rassurer ou de me réconforter, il pense juste à ses statistiques.
S’en suit la péridurale, je ne sens plus rien, je ne suis plus là, mon cœur est arrêté comme le tien … bloqué à l’annonce de ta mort.
On me monte au bloc. Mary, courageux, se positionne derrière moi.
Les seuls mots du médecin : ” Madame Hevia, je vais devoir faire une incision verticale pour limiter les risques d’hémorragie mais vous allez avoir une cicatrice. Elle se verra en maillot de bain” … Je pense : “J’en ai rien à faire”, je vais donner naissance à mon fils mort et il se soucie de cette cicatrice.
Celle de mon cœur ne se verra jamais mais elle me fera mal à en crever.
Mary embrasse mon front, on s’aime et à deux on survivra.
Le chirurgien discute avec son étudiante et là une douleur monstrueuse. Je ne crie pas car Mary est là et il est déjà assez effrayé. Je dis juste “Ca fait mal “. L’obstétricien se fige et me dit : “Impossible avec la péridurale”.
Il teste avec un coton et de l’éther, je lui dis : “C’est froid”, il blêmit, regarde l’anesthésiste et lui fait comme un signe de croix. Il voulait savoir s’il avait adapté la péridurale au sens de l’incision de la césarienne … Ben non …
La dose est adaptée, pas d’excuses, pas un mot … On recommence à trifouiller dans mes entrailles à la recherche de mon petit ange … Ils continuent à discuter de l’orientation professionnelle de l’étudiante, des prochaines vacances en oubliant que je suis sur la table et Mary fort et courageux ne dit rien.
Je sens qu’on tire très fort et j’attends tes cris mais rien. Je hurle intérieurement, mon âme est morte, mon cœur saigne. Voilà je suis mamange … et je rentrerai regarder ton berceau vide …
16 ans se sont écoulés, et mon cœur est toujours arrêté. Il paraît que je suis faible de ne pas aller mieux, d’y penser encore et on me demande de ne plus en parler.
Comment guérir de ne pas t’avoir entendu pleurer?
🖤ADRYEN🖤
