Icône d'étoile | Au-delà Des Nuages

Théa* & Mahé*

Mon témoignage porte le nom d'une citation de Jacques Prévert, " Le bonheur en partant a dit qu'il reviendrait" ... Lire plus

Je m’appelle Cindy, j’ai 39 ans et je suis auxiliaire vétérinaire près de Reims.

En 2013, nous avons eu l’immense chance d’être parents pour la première fois d’un petit garçon en pleine santé , né après une grossesse idéale.

Nous étions tellement fiers de notre petite famille que lorsqu’ Aaron a eu 2 ans, nous avons voulu poursuivre l’aventure.

Un petit frère fut annoncé pour juillet 2016 et la grossesse s’annonçait aussi parfaite que la première jusqu’à l’examen du 2ème trimestre.

Lorsque je me suis rendue à la clinique, j’étais très sereine, heureuse de voir mon bébé à l’écran, je ne m’imaginais pas un seul instant ce qui allait me tomber sur la tête.

Le gynécologue était particulièrement silencieux pendant l’examen, puis il me regarda et m’expliqua que mon fils souffrait d’une hernie diaphragmatique.

Sans en dire beaucoup plus, il m’envoya en urgence à l’hôpital pour des examens plus approfondis.

A cet instant toute mon insouciance s’est écroulée. A 6 mois de grossesse je réalisais qu’il pouvait arriver malheur à mon bébé.

Au centre hospitalier les mauvaises nouvelles se sont enchaînées. Le diaphragme de Mahé était presque totalement ouvert, et laissait passer plusieurs organes. Les intestins remontaient et écrasaient les poumons, empêchant un bon développement.

Le médecin remarqua également un retard de croissance et une anomalie du placenta. Il me proposa une amniocentèse pour vérifier si tous ces problèmes de santé n’étaient pas liés à une anomalie génétique.

Je passe cet examen à 6 mois et demi, et en attendant les résultats je rencontre un chirurgien qui devra opérer mon fils à la naissance de sa hernie diaphragmatique. La difficulté n’est pas l’intervention en elle-même, mais la capacité du bébé à se stabiliser après l’accouchement.
In utero il respire seul sans problème, mais à la naissance il devra être intubé et le pronostic vital sera engagé.

Je prends conscience que mon fils est gravement malade mais je m’accroche encore à l’espoir que ses gros problèmes de santé ne soient pas liés à une maladie incurable.

Je rencontre ensuite un pneumo-pédiatre qui évalue l’état de ses poumons. Le pronostic est très sombre.

Selon lui Mahé n’a que 50% de chance de survivre après la naissance.

C’est très dur à entendre mais nous devons tenir le coup et continuons à y croire tant que les résultats de l’amniocentèse ne sont pas arrivés.

L’attente est interminable … Un mois plus tard je reçois un coup de téléphone nous demandant de nous présenter au service génétique.

Notre petit garçon est atteint d’une maladie génétique très rare : la trisomie 9.   Seulement 30 cas au monde ont été recensés, comment est-ce possible …

Mahé sera handicapé moteur et mental et pour supporter cette vie, il faudra déjà qu’il subisse plusieurs opérations dès ses premiers jours de vie.

Nous prenons la foudre de plein fouet.  Tout allait si bien il y a quelques semaines, nous étions si heureux.

Qui sommes-nous désormais pour décider de lui infliger toutes ces souffrances ? Quelle vie pour lui, pour Aaron, pour nous…

Nous devons prendre la décision la plus difficile de notre vie et nous acceptons une interruption médicale de grossesse, alors que j’ai entamé le huitième mois.

Mahé est né en silence, c’était le portrait craché de son frère et il nous manquera toute notre vie.

Les mois qui suivent sont très compliqués. La douleur, l’absence, la culpabilité… Comment se remettre d’un tel drame ?

Pourtant nous voulons nous raccrocher à la vie, la poursuivre et rendre nos fils “grands frères”.

Huit mois plus tard une petite barre bleue apparaît pâlement sur mon test de grossesse.

J’ai la peur au ventre à chaque consultation, chaque examen me donne des sueurs, mais l’amniocentèse nous rassure, notre petite fille va parfaitement bien !

Et puis il faut y croire, la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, c’est bien ce que l’on dit ?

Nous sommes à quelques jours du terme, la chambre du bébé est prête, à côté patiente la valise de maternité. Le cosy installé dans la voiture, nous sommes si impatients de te rencontrer !

Je dois être déclenchée dans 3 jours, ton arrivée est imminente.

Lorsque je me réveille ce matin, je ne sens pas bouger mon bébé et c’est assez inhabituel, je cherche donc à la stimuler, sans succès.

J’essaie de me rassurer, les bébés bougent moins en fin de grossesse, en tout cas c’est ce que j’ai lu dans tous les magasins de parentalité…

Après avoir déposé mon fils à l’école, je m’allonge, boit un verre d’eau glaçé, remue mon ventre dans tous les sens. Aucune réaction.

Je décide donc de partir à l’hôpital, en tentant de me rassurer comme je le peux.

Lorsque la sage-femme a posé son moniteur sur mon ventre, elle n’a pas trouvé le pouls de ma fille. La gynécologue est très vite arrivée pour faire une échographie, et elle m’a annoncé que le cœur de ma fille s’était arrêté.

Le monde s’est écroulé, je ne pouvais pas y croire . Comment peut-on perdre deux enfants à un an et demi d’intervalle ?

Elle allait si bien, que s’est-il passé ?

Nous voilà à nouveau plongés en enfer.

Le lendemain Théa est née sans un cri.  Une petite poupée parfaite, nous devrons survivre encore une fois à son absence.

C’est un accident de cordon qui nous a envoyés en enfer.  Ce lien qui la rattachait à moi lui a été fatal.

Qu’allons-nous dire à ton grand frère ? Lui qui a déjà tant souffert de ne pas avoir connu son frère, voilà qu’il perd sa petite sœur tant attendue.

Ce double deuil est terrible, il faut vider la chambre, ranger les petits habits, retirer le cosy de la voiture…

Il faut appeler la crèche.  Nous n’avons plus besoin de vos services, notre fille est morte.

Je me plonge dans la lecture, les témoignages des parents endeuillés m’aident à me sentir comprise et moins seule.

Je prends conscience que nous sommes si nombreux à vivre un deuil périnatal, alors pourquoi en parle-t-on si peu ?
Les mois passent mais la douleur ne s’apaise pas, je rends visite à mes enfants au cimetière, plus rien n’a de sens.

Une fois de plus nous décidons de nous battre, il le faut, Aaron a besoin de nous.

Notre petit arc-en-ciel est né en pleine santé le 10 novembre 2018.

La grossesse a été extrêmement éprouvante psychologiquement, une véritable épreuve.

Nous n’oublierons jamais Théa et Mahé.

Ils ont leur propre histoire, et font partie intégrante de notre famille.

Mayane est une petite fille pleine de joie, elle nous a réconciliés avec la vie.

J’ai tenu à mon tour à écrire mon histoire, j’espérais apaiser la douleur des par’anges, les soutenir, leur redonner de l’espoir.

Leur expliquer qu’ils arriveront de nouveau à sourire, et que la vie réservait aussi de belles surprises, c’est ce qui m’avais fait tenir à l’époque…

Je souhaitais contribuer à briser le tabou du deuil périnatal, qui touche plus de 7000 familles chaque année en France.

Mon livre est disponible en version broché et e-book sur tous les sites en ligne.

J’ai décidé d’offrir aux soignants qui prennent en charge les parents endeuillés, la version e-book afin de les aider dans leurs accompagnements.

Je sais à quel point il est difficile de trouver les bons mots, d’avoir les bonnes attitudes Sages femmes, Gynécologues, auxiliaires de puériculture, n’hésitez pas à me contacter sur ma page Facebook afin de recevoir le fichier.

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