Léonie, notre premier bébé.
Tu es venue tellement vite, seulement 2 semaines après avoir arrêté ma pilule.
On n’y croyait pas, nous étions si heureux de savoir que tu voulais nous rejoindre si vite. De nature anxieuse, j’avais déjà si peur de te perdre, j’avais peur que quelque chose ne se passe pas bien.
Nous avons eu le premier rendez-vous où nous avons vu ton petit cœur battre, tout allait bien. Le gynécologue nous a même dit que nous t’avions conçue le 24 décembre! Un beau cadeau de Noël.
À 11 semaines, j’ai eu des petites pertes de sang. J’ai cru te perdre. Je me suis rendue aux urgences et heureusement, il n’y avait rien de grave. Il fallait juste que je me repose et que j’arrête de travailler car j’étais tout le temps debout et en mouvement.
J’ai donc arrêté 3 semaines et au rendez-vous des 14 semaines, tout allait bien. J’ai donc repris le travail 1 semaine mais mes pertes de sang sont revenues.
J’avais un léger décollement mais toujours rien de grave selon mon gynécologue, il fallait juste du repos. J’ai donc totalement cessé le travail pour prendre soin de toi.
Nous avons eu un rendez-vous avec une sage femme pour nous expliquer le déroulement des rendez-vous, …
Une phrase me restera toujours dans la tête « au rendez-vous de l’écho morpho, il faut venir à deux car parfois on découvre des malformations ».
Pourquoi nous dire cela alors que j’avais déjà tellement peur ?
Au rendez-vous des 18 semaines, tout allait bien, je n’avais plus de décollement. Tu grandissais parfaitement même si au fond de moi, je sentais que quelque chose n’allait pas. J’ai quand même décidé de faire confiance au gynécologue en me disant que s’il y avait quelque chose, il le verrait. Nous avons donc commencé à chercher des magasins pour faire ta liste de naissance.
Et quand nous avons trouvé le magasin parfait la dame nous a dit « nous attendons toujours après l’écho morpho pour faire la liste de naissance ».
Au fond de moi je savais que c’était un signe. Nous n’avons donc rien acheté, attendant que cette écho soit passée.
Ce fameux rendez-vous s’approchait et j’avais de plus en plus peur. Tout mon entourage me disait de ne pas m’en faire. Que justement, c’était l’écho la plus chouette car nous allions te voir en détail et qu’à ce stade de la grossesse, tu ne risquais rien car tout allait bien.
Le 22 mai 2024, enceinte de 23 semaines, tout notre monde s’est écroulé. Le gynécologue a commencé à t’examiner. Le cerveau, tout était ok.
Et là, le cœur. Il reste, il zoome, ne dit rien. Au fond de moi, je me suis dit « voilà c’était donc ça, ce que je ressentais était réel ».
Je regarde ton papa qui ne sourit plus.
Le gynécologue commence à parler « je vois quelque chose au niveau du cœur, quelque chose d’anormal. Son ventricule gauche n’est pas de la même taille que celui de droite, souvent ça annonce d’autres malformations». Il continue à regarder mais tout le reste était parfait. Ma première question a été « est ce que je vais devoir arrêter ma grossesse? »: il m’a répondu qu’il ne savait pas le dire, qu’on devait aller dans un autrehôpital et voir une cardiologue.
Nous avons eu rendez-vous 5 jours après. Nous gardions espoir, il existe des opérations. Ça ira, c’est impossible que nous te perdions. Nous allions tout faire pour te garder.
Le 27 mai, nous y avons été, toujours plein d’espoir. « Il s’est peut être trompé, ce sera sûrement une petite opération à ta naissance ». Ça ira.
Une cardiologue t’as examinée pendant plus d’une heure avec une gynécologue. Puis elle nous a expliqué qu’il existe une opération mais qu’ils ne la pratiquaient pas dans cet hôpital, qu’il fallait qu’on se rende à Leuven. Elle a expliqué l’opération, comment ça allait se passer, les risques pour ta santé, l’IMG … je n’entendais plus rien, tout s’écroulait une seconde fois autour de nous.
Nous avons été faire une ponction du liquide amniotique pour avoir une réponse à cette malformation. Mais il n’y avait rien d’anormal, rien de génétique.
Le 10 juin, nous avons été à Leuven. Nous avons rencontré un autre cardiologue qui nous a dit que même si les différentes opérations fonctionnent, tu ne vivrais pas plus de 20 ans et nous a confié cette phrase « réfléchissez bien car si vous décidez d’aller jusqu’au bout et que les opérations ne fonctionnent pas, il n’existe pas d’euthanasie pour les enfants ».
C’est en sortant de là que nous avons pris la meilleure décision pour toi mais la pire pour nous. Il était hors de question de te faire subir tout ça, que tu souffres même si c’est une petite vie.
Personne ne devrait faire un tel choix pour son enfant. Heureusement, nous avons été suivis par toute l’équipe médicale exceptionnelle de la Citadelle de Liège (sages femmes, psychologue, …) qui ont su être à notre écoute pour mettre en place ta naissance.
Le 27 juin à 8h, nous sommes rentrés à l’hôpital. Le moment où nous avons dû arrêter ton cœur a été horrible. Ça a duré plus d’une heure car la gynécologue n’arrivait pas à piquer dans ton cordon pour t’endormir, tu bougeais déjà tellement. Nous avons été forts, le pire moment était passé.
Tu étais là sans vie dans mon ventre. Nous n’avions qu’une hâte, c’était te rencontrer. Tu es née à 21h07.
À 28 semaines et 4 jours de grossesse, mais tellement belle. Sûrement trop belle pour ce monde. Tu faisais déjà 40cm et 1kg230. Tu allais être un gros bébé et déjà pleine de cheveux noirs comme ton papa.
Cette journée était hors du temps. On pourrait croire que c’était la pire de ces dernières semaines mais pour nous c’est celle où nous t’avons rencontrée, notre petit ange.
La photographe de l’association “Au-delà des nuages”, Delphine est venue le lendemain pour nous photographier, et je ne la remercierai jamais assez pour ces magnifiques photos, son professionnalisme et sa gentillesse. Elle a rendu ce moment tellement beau et a fait de Léonie une petite étoile inoubliable.
Nous avons pu t’organiser de belles funérailles entourés de nos familles et je sais que tu veilles sur nous à présent.
Je me demanderai toujours comment s’est arrivé, pourquoi toi, pourquoi nous? Mais je sais que tu nous a choisis car tu savais que nous allions apprendre à être forts, encore plus forts. Que l’amour est présent et que même si vivre sans toi est très dur, tu resteras toujours dans nos pensées.
Tout le monde t’aime très fort ma Léonie ✨