Voici notre histoire 18 ans après :
Un matin du dimanche 03 septembre 2006, je me réveille, mon mari n ‘est pas à mon domicile, il est en déplacement et bloqué le week-end …
A mon réveil, je regarde mon ventre, il est fripé et je ne sens plus Anthony bouger. La date présumée de l’accouchement est le 06 septembre c’est-à-dire dans 3 jours … je descends vite les escaliers voir ma maman qui m’emmène aux urgences.
Monsieur Farath, l’urgentiste ce jour-là, commence à m’ausculter. Il appuie fort, essaie de bouger bébé et va voir ma maman de l’autre coté de la pièce et lui dit qu’il va annoncer que c’est fini: Anthony s’est endormi dans mon ventre, il est trop tard.
Le cauchemar démarre, on m’installe en chambre, ma mère contacte Manu . Il reprend la route pour me rejoindre au plus vite à la maternité pour expliquer le déroulement quand le papa sera arrivé !!!
Quelques heures plus tard, mon mari entre dans la chambre les yeux remplis d’eau, il me prend dans ses bras et caresse mon ventre … et essaie de me soutenir comme il peut car pour lui aussi c’est l’horreur, que se passe-t’il ?
Psourquoi suis-je encore en chambre et qu’on ne me fait pas de césarienne en urgence ?
Plein de questions tournent dans notre tête : on fappe à la porte, le docteur Boulinguez entre avec une sage femme. Ils nous disentqu’ils sont venus nous indiquer la procédure : et la sage femme dit : “VOTRE PETIT PITCHOUNE VOUS A QUITTES !!!” Non, pas cette phrase, il a un prénom.
Le gynécologue commence à parler : “La procédure est de faire votre deuil avec votre bébé dans votre ventre trois jours avant de déclencher un accouchement normal”. Comment ça? Non, pourquoi cela trois jours ? Il est mort, est dans mon ventre et accoucher naturellement, mais comment faire ?
Tant de questions dans nos têtes, notre coeur est en milles morceaux …
Les trois jours horribles commencent, mon mari reste à mes côtés, nuit et jour à l’hôpital, on compte les heures et les minutes.
Le deuxième jour en fin d’après midi, on vient nous prévenir que demain l’accouchement est programmé avec injection pour pouvoir accélérer les contractions pour essayer que ça aille vite : on ne dort pas de la nuit, comment ça va se passer ?
Notre décision est prise cette nuit, on veut le voir, le tenir dans nos bras et passer du temps avec lui avant de descendre en chambre froide …
Jour numéro 4, le mercredi 06 Septembre 2006 à 5 h 00 du matin, stressés tous les deux, on me branche et on m’installe en chambre de préparation à l’accouchement et on m’injecte un produit pour déclencher les contractions. Les heures passent, rien ne se passe mis à part la douleur physique et morale. Ils reviennent vérifier le col deux fois et remettre du produit, les contractions se rapprochent c’est tellement dur ce moment et tant de questions sans réponse … les heures sont si longues !!!
Vers 19h15, on me dit que mon col est ouvert à 9 et que l’on va nous installer en chambre d’accouchement: on me prépare pour faire naitre notre “petit nous”.
La sage-femme Madame Hamsat arrive quand je suis presque installée. Aucun gynécologue ne peut venir ni collègue donc elle sera seule pour nous assister.
La peur monte mais il faut commencer à pousser … je hurle, je pousse. Manu m’aide à respirer, les larmes coulent … c’est difficile, bébé ne descend pas.
La sage femme dit à mon mari: “Monsieur Attagnant, pouvez-vous m’aider pour faire moins souffrir votre compagne et que cela ailleplus vite car elle a beau pousser, le bébé ne descend pas assez”.
Manu prend son courage à deux mains, anéanti et perdu. La seule option est de monter sur le haut du ventre, les jambes ouvertes pour pouvoir pousser avec vos mains afin que le bébé puisse sortir plus rapidement et moi je vais essayer de tirer mais pas trop afin de ne pas abîmer votre bébé … la procédure commence.
Ce moment est horrible mais on y arrive.
Anthony est né à 20h24 et sera déclaré mort-né.
30 minutes plus tard, la sage femme nous demande si on est bien préparés et si on est toujours certains de vouloir voir Anthony. Elle nous dit qu’il est beau et pas abîmé.
Notre oui à deux sort de notre coeur, notre premier mini nous …
On me le dépose délicatement dans mes bras. Mon petit ange est là, dans mes bras. On se pose des questions : pourquoi il a du cotondans le nez et ses oreilles par exemple. On nous apprend que le sang sort donc c’est mieux.
Il est juste parfait comme je l’imaginais dans mon ventre: plein de cheveux, teint foncé, yeux bridés. Il est magnifique. Son visageest si beau, il a des longs doigts. Je le caresse, Manu également. Il lui prend sa petite main. Après de longues minutes, on propose au papa de s’asseoir et le prendre dans ses bras, il répond oui immédiatement … on me l’enlève, je pleure, mais papa va l’avoiraussi … on lui parle à deux. On lui donne des bisous sur les mains, le front.
Le moment de prendre des photos arriva avant de le mettre dans sa petite couveuse ouverte et de le porter en chambre froide et aussi pour l’ autopsie accordée par son papa et moi-même … 30 bonnes minutes avec notre petit à le regarder.
Le moment de venir le chercher est arrivé. Le plus douloureux sera de le revoir dans 48 heures en chambre froide dans son petit cercueil blanc magnifique que mamie Bénédicte lui a fait faire.
Dès qu’il revient de Lille, vous pourrez le voir nuit et jour en attendant l’enterrement.
On répondit d’accord le coeur brisé de ne pas le revoir tout de suite.
Tout était prêt pour l’accueillir à la maison …
Nous passons deux jours à descendre avec la famille qui désire le voir ou lui rendre un dernier hommage.
Le jour de la fermeture du cercueil est arrivé. L’enterrement a eu lieu au cimetière de Rang Du Fliers dans le caveau familiale de mes grands parents maternels.
Nous suivons le cortège du Cham jusqu’au cimetière. Arrivés devant, les larmes ne cessent de couler.
Ma famille du coté de ma mére, tout le monde est présent: on ne s’attendait pas à autant de monde pour l’enterrement civil avec unedame de l’église et pour le baptême, il y a eu des prières et chants, ce fût magnifique et tellement de chagrin …
Nous avons offert un biscuit et un café au café Contessi de Berck à toutes les personnes présentes, c’est ce que l’on fait dans notre famille du coté de ma maman … J’aurais aimé tenir ta main plus longtemps : 18 ans se sont écoulés pour que je puisses arriver à écrire cette histoire, ces moments.
Joyeux Anniversaire Notre Ange bisous volants à toi et ta petite soeur et ta mamie.
Chaque jour, on ne vous oublie pas, on vit avec, on vous aime tellement fort
Maman, Papa et Tes grands frères, Loic & Léo Attagnant et Mathieu et Julie Attagnant et Amélie, Mathys, John, Mëlya Attagnant.