Tout a commencé en juin 2024.
J’apprends que je suis enceinte après 2 fausses couches dont une tardive. Cette grossesse était inespérée.
Je suis anxieuse mais tellement heureuse de pouvoir revivre ce p’tit bonheur, le début de la grossesse se déroule à merveille, je suis super épanouie. Notre petit bout grandit vite et bien.
Nous apprenons que c’est un garçon. Comme une évidence, son prénom vient directement.
On décide de l’appeler Lou. Passés les trois mois de grossesse, je me permets un peu plus de le dire autour de moi, je suis heureuse, ma famille, mon conjoint l’étaient aussi, c’était merveilleux.
Je commençais à me projeter, acheter des petits vêtements, son premier doudou. J’étais suivie d’assez près, toutes les 2-3 semaines j’avais une échographie et cela m’allait très bien, plus je le voyais mieux c’était !
J’ai commencé à sentir ses petits coups, j’étais à 14 semaines seulement, c’était assez fou, son papa a vite senti aussi.
Le Loulou était super actif, il bougeait dès que son papa était là c’était assez hallucinant. Lou était déjà aimé par tout le monde, je n’avais qu’une envie, c’était de le voir, j’avais hâte et mon conjoint également. On se demandait à qui il ressemblerait !
Je suis à 6 mois, je vais pour mon rendez-vous du début du troisième trimestre et là, le ciel me tombe dessus : mon homme “sage-femme” m’annonce qu’il suppose ne pas voir le côté gauche de son petit cœur, il n’est pas certain mais il préfère m’envoyer à la maternité faire des examens plus poussés en médecine fœtale. Dans le meilleur des cas, il était mal placé et dans le pire des cas, c’était une absence totale du côté gauche de son cœur. Je ne me souviens que très peu du rendez-vous, je n’ai pas voulu entendre ce qu’il disait.
Heureusement, mon conjoint était là et a réussi à comprendre.
Je suis allée chez mes parents, ils essayaient tant bien que mal de penser positif mais je le savais au fond de moi, j’avais le sentiment que notre Lou avait bel et bien une maladie cardiaque.
Nous avons dû attendre deux semaines pour aller faire les examens complémentaires. Deux longues semaines à attendre … je savais ce qu’on allait me dire mais pour par inquiéter mon entourage, je ne disais rien.
Arrive le jour du rendez-vous, nous sommes avec ma maman en prévention au cas où le résultat serait négatif et que nous ne serions pas capables d’entendre quoi que ce soit. S’en suit une attente énorme à la maternité. Une fois mon tour, nous rentrons dans une salle sombre, froide, l’échographie a duré 30 minutes, sans un mot de la part de la sage femme, je ne comprenais rien et mon conjoint non plus.
Nous sommes redirigés vers une autre salle d’attente, et là, 3 médecins arrivent. J’ai tout de suite compris: elles avaient la tête baissée et le regard empathique. On nous explique que Lou a une hypoplasie du ventricule gauche du cœur, qu’il est impossible de le soigner, rien. En 1 heure de temps, notre avenir se brise en mille morceaux, on nous explique mais aucun mot ne sort de notre bouche, rien, nous sortons en silence de la salle, on doit avoir un nouveau rendez vous avec un cardiologue pour confirmer le diagnostic et envisager la suite. Le rendez vous ne sera une semaine et demie plus tard. Voilà déjà trois semaines que nous attendons, trois semaines où nous savons que Lou est condamné mais nous tenons, pour lui.
Le rendez-vous chez le cardiologue n’a rien donné, il a juste confirmé sa maladie, rien de plus.
J’ai de nouveau rendez-vous pour choisir si je veux déclencher mon accouchement ou attendre jusqu’au terme. On décide d’interrompre la grossesse, je n’étais pas capable de le garder encore sachant qu’il ne vivrait pas. En tout, nous avons dû attendre 1 mois et demi, tout en le sentant bouger. Nous avons pris la décision de lui faire des obsèques car il a existé pour nous et nos familles.
Me voilà donc à 7 mois et demie de grossesse le jour de mon accouchement. Tout est très flou, je ne comprends pas ce qui m’arrive, mon conjoint est très très présent pour moi. Il est resté avec moi sans me laisser une seule minute, j’ai été déclenchée à 11h30, mon accouchement a eu lieu à 19h45 le 4 décembre, nous sommes devenus des paranges. C’est à la fois le pire jour et en même temps nous allions tout de même rencontrer notre fils, nous avons voulu passer le plus de temps possible avec lui, nous sommes allés le voir tous les jours jusqu’au jour des obsèques. Les personnes de notre famille qui voulaient le voir pouvaient, les parents de mon conjoint, mes parents, ma maman étaient là le jour de l’accouchement.
Nous avons fait des obsèques et avons décidé de le laisser reposer au pied d’un arbre dans un cimetière forestier: la philosophie et l’esprit de ce cimetière sont beaux, il renaît à travers un arbre.
Nous l’avons reconnu et parlons de lui tous les jours, notre vie a terriblement changé depuis mais nous vivons pour lui, nous sommes ses yeux, ses oreilles, sa voix.
Il est avec nous. Oui c’est dur mais nous nous devons de vivre pour lui.
À toi Lou notre fils