Le 09 février 1997, l’unique jour où je t’ai pris dans mes bras, toi mon fils, Guillaume, né à 23 semaines de grossesse.
A cette époque, rien n était fait pour les enfants nés avant 6 mois, aucune reconnaissance légale donc aucune sépulture, aucune trace … tu n’existes pas alors que tu es là dans mes bras.
C’était sans compter sur l’équipe formidable du docteur Sartenaer de la clinique Notre Dame de Charleroi qui a pris soin de toi dès ta naissance.
A ma demande, un prêtre était à la sortie de la salle d’accouchement pour bénir ton départ : chose extraordinaire, l’équipe a même fabriqué elle-même ton petit cercueil qu’on m’a remis quelques jours plus tard. Ils ont tous vraiment été d’une grande aide, je leur dois tous mes souvenirs de TOI.
Ma sœur a entrepris les démarches auprès de la commune de Chastre qui humainement a autorisé ton inhumation dans le joli cimetière de Gentinnes où je t’ai ramené de l hôpital sur mes genoux dans ton joli cercueil et c’est là que je t’ai dit au revoir, sans personne … il faut passer à autre chose, ce sont les seules paroles que l’on ma dites.
Ensuite, le vide, le néant tu n’existeras pour personne. Tu as une grande sœur de 3 ans, elle s’appelle Mathilde et elle te connaît, elle vient te rendre visite avec moi mais la famille est absente. Ton furtif passage sur terre ne compte pas, je veux fièrement montrer ta photo, on me dit de cacher Ça !!!
Je dois me taire, ne plus parler de toi alors que pas un instant tu ne quittes mes pensées. Je sens toujours ton odeur, tu es mon fils Guillaume.
L’année suivante, tu auras une petite sœur, elle s’appelle Natacha Mathilde Guillaume, c’est la seule façon que j’ai trouvée pour que tu fasses partie de mon arbre, pour que de cette manière ton prénom continue d’exister.
On me le reprochera également, comme si tu devais ne jamais jamais exister, tu déranges … tant pis je serai seule avec tes sœurs à te rendre visite, à penser à toi, à t imaginer grandir, à te souhaiter chaque année un joyeux anniversaire, à imaginer tes cadeaux de Saint-Nicolas, de Noël …
Le temps ne passe pas sans qu’un jour je ne pense à toi. Je décore ta tombe de jolies choses colorées comme si c’était ta chambre.
Je parviens à ne plus être triste, je suis connectée à toi.
20 ans plus tard, ma filleule chérie va mettre au monde son merveilleux Noé, né sans vie et là comme un miracle, Noé va te faire exister, on va se souvenir que moi aussi j’ai traversé cette épreuve, on va citer ton nom: ça me déchire le cœur, j’ai envie de hurler ma douleur de ne pas avoir eu le droit de parler de toi pendant 20 ans mais très vite je prends le chemin de la joie, je remercie Noé du beau cadeau qu’il m a fait, je ne peux en vouloir à personne la vie a évolué, c’est tout … ce qui était tabou dans le temps est maintenant reconnu, je vais chavirer chaque fois que l’on prononcera ton nom, on va beaucoup parler de toi, on s’excusera de ne pas avoir compris à l époque.
Je peux enfin parler de toi : Ma filleule et son mari vont m’offrir le plus beau cadeau, la croix qui était destinée à leur petit Noé et ensemble, nous irons la placer, ce sera la seule personne en dehors de moi et de tes sœurs à venir se recueillir près de toi secrètement.
J’espérais que toute la famille se déplacerait une fois, juste une fois pour voir l’endroit où tu reposes mais ça ne s’est pas produit.
Tant pis, ton prénom est prononcé de temps en temps, c est déjà un beau cadeau.
Depuis quelques années, j’ai découvert l’association “Au-delà des nuages”, quel merveilleux accompagnement, quelle superbe reconnaissance dont j’aurais voulu bénéficier mais maintenant 26 ans après ta naissance, grâce à cette association, j’ai pu t’inscrire au registre des étoiles de ma commune : tu es enfin reconnu autre part que dans mon cœur, quelle fierté, c’est ton plus beau diplôme, je suis tellement fière de toi.
Je remercie du plus profond de mon cœur tout le travail que votre association fait et tous les cœurs que vous soulagez par vos actions.
Merci Merci Merci