A l’époque où j’ai accueilli mon ange, l’association n’existait sans doute pas, mais quand j’ai trouvé par hasard une publication sur Facebook, cela m’a fait beaucoup de bien, en voyant les témoignages, de ne plus me sentir seule.
Aujourd’hui, je parle donc de ce mois de janvier 1996 où je me suis rendue chez mon gynécologue pour découvrir enfin le sexe de mon bébé que je sentais vivre en moi depuis 5 mois.
Hélas, en même temps que la découverte du fait que c’était une petite fille, l’échographie de moyenne qualité ne montrait pas ses bras … J’ai eu confirmation de cette malformation dans une autre clinique plus spécialisée un peu plus tard et on m’a alors annoncé que mon bébé était atteint du syndrome de Cornelia de Lange et qu’il ne serait sûrement pas viable car il avait aussi des problèmes aux poumons …
On m’a alors encouragée à faire une interruption thérapeutique de grossesse la semaine suivante.
J’ai à peine eu le temps de réaliser, ce qui me fait encore culpabiliser d’avoir provoqué cette fin de vie précoce en prenant ces médicaments.
Je n’ai pas pu bénéficier d’aide psychologique et j’ai fait le choix d’être endormie lors de l’accouchement pour pouvoir garder la magie de ce moment pour un futur enfant.
Cependant, j’ai tout de même voulu voir ma fille à qui j’ai donné le prénom d’Elisa en entendant la chanson de Serge Gainsbourg. De plus, il signifie “auprès de Dieu”.
Elle était tellement petite qu’on a dû lui mettre une brassière de poupée. Ensuite, j’ai pu lui organiser une petite cérémonie “d’au revoir” et accompagner le cercueil jusqu’au cimetière où elle repose encore aujourd’hui.
Elle a aussi été portée sur mon livret de famille et enregistrée à l’état civil comme mon premier enfant.
Cependant, j’ai vécu une période très difficile car contrairement à mon mari, je l’avais sentie bouger et grandir dans mon corps et je me sentais lâche de l’avoir abandonnée.
J’ai ensuite, après une autre fausse couche, eu la joie d’accueillir mon fils Hugo presque deux ans plus tard, alors que je craignais de ne pas mettre une grossesse à terme. C’était très difficile de croiser des femmes enceintes surtout chez le gynécologue et de voir les autres bébés en bonne santé de la famille et des amis ! Sans parler des nuits à la clinique à entendre les autres bébés alors que ma chambre à moi était bien vide.
J’ai ensuite fait le choix de ne pas reprendre la pilule puisque c’était si difficile pour moi de tomber enceinte et à peine 8 mois plus tard je suis tombée enceinte de ma deuxième fille Lucie ! Là encore pas de problème, même si accueillir une fille pouvait me paraître plus difficile du fait de sa sœur disparue.
J’ai ensuite fait une autre fausse couche puis j’ai perdu un autre bébé alors que les 3 mois de grossesse étaient passés. Nous étions en vacances en Espagne et je ne parlais pas la langue. J’avais eu des douleurs au ventre et ils ont vu à l’échographie que le cœur ne battait plus. C’était triste de voir son visage de profil et de se dire que tout était à nouveau fini.
Là encore, l’accouchement a été provoqué mais j’ai assisté à toute la scène. J’ai senti le fœtus partir et j’ai fait une hémorragie mais personne ne m’adressait vraiment la parole.
Je n’ai jamais eu de suite, ni quand à une éventuelle anomalie ni quand au sexe. J’ai ensuite perdu mon mari et lors de ma vie de mère célibataire, je suis tombée enceinte sous pilule sans le vouloir.
C’était presque 10 ans plus tard et je ne me voyais pas faire une IVG avec les difficultés que j’avais connues. J’ai donc fait le choix d’assumer ce cadeau du ciel toute seule et j’ai connu la joie d’accueillir mon septième bébé que j’ai appelé Lison et pour qui j’ai gardé la surprise du sexe jusqu’à la naissance.
Je remercie donc à nouveau l’association de me permettre d’écrire ces quelques lignes et les photographes qui nous aident à garder un souvenir de ces anges partis trop tôt! Je me sens à mon tour un peu libérée de ce poids.
